Je m'appelle Nihilis Cursemaker ; je me suis baptisée moi-même, dans le sang de ceux qui m'ont un jour trahi.
Je n'ai pu qu'avec difficulté rassembler les quelques bribes de ce que fut ma vie avant d'être...une non-morte. Arthas s'est occupé personnellement de ma mémoire, et de bien d'autres choses...mais ceci est une autre histoire!
Il m'aura fallu de longs mois d'errance à travers tout Azeroth et une liste conséquente de personnes torturées et/ou tuées pour pouvoir aujourd'hui vous conter ce qui suit.
Voici mon histoire...ou du moins celle de ma mort.
Trois années en arrière, je me nommais Maëva Khlanti et j'étais l'épouse de Mordred, aubergiste du village où nous vivions. Nous avions un fils, Waldorf, et même si la situation était des plus préoccupante depuis la "trahison" du Prince Arthas, nous essayions de nous prémunir contre l'ambiance maussade en essayant tant bien que mal de procurer humour et réconfort à nos hôtes.
Mais notre fils Waldorf ne l'entendait pas de cette oreille. Jeune et impétueux, il était un fervent partisan de l'Alliance et de sa guerre contre la Horde et la Légion Ardente du Roi Liche. Mordred et moi même ne manifestions pourtant qu'un vague désintérêt pour les affaires de la guerre. Cette curieuse tendance qu'ont les enfants de contrer les opinions de leurs parents...
Waldorf s'entraînait sans relâche et prenait les armes à chaque occasion qui se présentait à lui. Il finit bien entendu par être remarqué par un Sergent recruteur de l'armée humaine. Et bien entendu il sauta sur cette opportunité de prouver sa valeur au combat.
Il fut incorporé presque immédiatement à la Garde de Theramore, dans les marécages nauséabonds d'Aprefange.
Mais sa carrière militaire fut de courte durée...
En effet, un mois à peine après son incorporation, il fut tué lors d'une patrouille à travers les marais d'Aprefange. Les circonstances mêmes de la mort de mon fils me restent inconnues, bien que je soupçonne fortement la portée de cette engeance d'Onyxia d'en avoir été l'artisan!
La nouvelle de la mort de Waldorf nous parvint en même temps que son corps. Mon mari Mordred, ivre de chagrin et de colère, se tourna alors vers les Mages de Dalaran avec qui il avait eu commerce à maintes reprises. Il pensait pouvoir honorer la mémoire de son défunt fils en prenant les armes à sa suite. Mais il était plutôt enclin à prendre les armes magiques, "plus à même de servir les desseins d'un homme déterminé" disait-il...
Il partit donc en direction de Dalaran, malgré mes suppliques et mes pleurs. Un pressentiment néfaste m'obsédait quant à son voyage. Et ce pressentiment s'est malheureusement avéré fondé...
En traversant la Forêt des Pins Argentés, Mordred contracta la peste propagée par la Légion Ardente. La nouvelle de sa maladie m'arriva par courrier. Le Mage qui en était l'auteur me recommandait fortement de venir à Dalaran au plus vite, ma présence pouvant, pour une raison mystérieuse, être salutaire à mon mari.
Ne réfléchissant pas un instant, je partis dans l'heure en direction de Dalaran qui se trouvait à trois jours de chevauchée de mon village.
J'arrivais à l'aube du troisième jour devant le bouclier magique de la ville de Dalaran. Le dôme s'est ouvert alors que je m'avançais, hésitante, vers une tour qui semblait être sectionnée par le bouclier. Le passage qui m'avait été ménagé fit apparaître trois Mages qui m'accueillirent et me dirent qu'ils s'occupaient eux mêmes de la santé de mon mari. Bien qu'étonnée de cet accueil preste, je ne pensais plus qu'à voir Mordred et à ce que je pourrais faire pour sauver sa vie.
Je suivis les trois Mages à travers Dalaran. Ils me conduisirent à une haute tour ; là se trouvait la pièce où étaient prodigués les soins à Mordred.
J'entrais précipitamment dans la salle, et fut frappée d'horreur par ce que je vis alors! Mordred était sanglé à une table de torture, le corps couverts de cicatrices, et laissait échapper un râle interminable. Son corps, livide et suintant, exhalait une effroyable odeur de putréfaction. Tout ceci combiné manqua me faire défaillir.
L'un des Mages, faussement prévenant, me retint avant que je ne m'affaisse au sol. Il me mena délicatement à une des tables de torture de la pièce et m'y sangla, pieds et mains, tandis que je ne pouvais réagir.
Après un moment, les trois Mages firent cercle autour de moi. L'un d'eux dit:
-"Vous serez peut-être utile pour nos recherches, Maëva Khlanti. Nous cherchons en effet un moyen, sinon de soigner, en tout cas d'asservir les morts-vivants et les faire combattre pour notre intérêt. Il s'avère cependant que ni les potions, ni la torture physique ne donnent de résultats satisfaisants. Nous avons donc pensé que la torture mentale serait éventuellement plus efficace"
Il s'approcha de mon visage, et dans un rictus effrayant il me murmura presque:
-"C'est pour cela que nous vous avons fait venir, votre nom étant revenu à de multiples reprises lors des délires de votre mari...Croyez bien que j'en suis navré, mais nous allons devoir vous torturer devant votre mari, ainsi nous verrons si ses bribes de conscience humaine réagissent "positivement" à ce type de stimulus."
Sans plus rien dire, ils se retournèrent et sortirent hors de mon champs de vision. Je les entendis manipuler des objets métalliques, lorsque la même voix de Mage émergea des divers cliquetis:
-"Votre mari n'est plus, à proprement parler, parmi nous...C'est un non-mort depuis cinq jours, vous l'avez remarqué n'est-ce-pas?"
J'avais de la peine à appréhender la situation, tout cela me semblait si irréel! La table fut alors inclinée de 45 degrés de façon à ce que je me trouve face à Mordred dont les yeux, quoique morts, trahissaient l'immense détresse qui l'habitait.
Les tortures durèrent 4 jours, des potions revitalisantes m'étant administrées afin de me conserver en vie, mais surtout pour que je ne m'évanouisse pas. Sans mes hurlements de douleur, la torture était moins persuasive...
La proximité de Mordred me fit bien évidemment contracter la peste. La fièvre et les tortures me firent perdre la raison, je n'étais plus qu'une douleur vivante.
Le cinquième jour l'inconcevable survint!
Mordred balbutia des suppliques à l'adresse de nos tortionnaires et leur jura obédience s'ils arrêtaient leurs sévices. Les Mages, fous de joie, le détachèrent, lui mirent une dague dans la main, et l'un d'eux lui dit:
-"Ta première tâche sera de tuer ta femme, Mordred. Tue la! Libère la de ses souffrances et du fléau qui la consume!"
Mordred s'approcha alors de moi, la dague à la main, ses yeux vides de vie emplis de larmes. Il fit mine d'approcher la dague de ma gorge et me dit dans un soupir:
-"Puisses-tu un jour pardonner ma folie..."
Suite à quoi il trancha les liens de mes poignets et se retourna faces aux Mages en armant son bras, prêt à lancer la dague ! L'un d'eux, craignant certainement cette volte face, avait déjà commencé une incantation. La lame quitta la main de Mordred au moment ou un éclair bleu lui transperça le torse. Le mage quant à lui reçut la dague en plein front et d'écroula au sol en même temps que Mordred.
Je profitais de la confusion des deux autres Mages pour défaire les sangles de mes pieds, puis me ruais comme je pouvais sur l'un d'eux et le poussais si fort qu'il tituba en arrière sur quelques mètres pour finir par passer à travers une fenêtre et s'écraser dix mètres plus bas. Je me retournais alors et vit le dernier Mage sur le point de lancer un sort ! Je tentais le tout pour le tout et courut dans sa direction !
A ma grande surprise (et à la sienne aussi je pense), je résistais au sort qui ne me causa aucun dommage ni ne me ralentit. Il resta les bras ballants tandis que je fonçais sur lui et lui plantait mes ongles dans les yeux ! Il tomba à la renverse. Je ramassais la première chose qui me tomba sous la main, une des lanières de contrition en cuir, et, à moitié debout sur son torse, lui fracassait le crâne avec la boucle métallique dans un élan de rage incontrôlable !
Des morceaux de sa cervelle aspergeaient mon visage tandis que je continuais, mi sanglotante,mi hurlante, à m'acharner sur sa dépouille.
Des sons de voix et de pas me tirèrent toutefois de ma folie meurtrière. L'instinct de survie avait repris ses droits, il fallait que je me sauve !
Ce qui suivit n'est que très vague dans mon esprit. je me souviens juste avoir couru jusqu'aux limites de mes forces, sur le point de m'effondrer à chaque instant.
Le bouclier magique de Dalaran n'empêchant que d'y pénétrer, je fût bientôt à l'extérieur. Mais un Mage lancé à ma poursuite entrava mes jambes dans un bloc de glace. Je n'attendais plus que l'éclair létal qui me terrasserait.
Mais l'éclair fut lancé en face de moi et passa sur mon côté pour aller frapper le Mage qui me poursuivait. L'éclair fut suivi de près par un démon bleu (qui,je l'appris plus tard, était un Marcheur Ethéré), grognant et menaçant !
Un Démoniste mort-vivant venait de me sauver !
Mon dernier souvenir fut celui de son visage et de sa voix qui me disait, tandis qu'il me hissait sur son épaule:
-"Nous allons nous occuper de toi, jeune non-morte..."
[à suivre...]